14 mars 2012

Deuxième cours

J'ai décidé de me lancer sans filet, les élèves n'utiliseront que la tablette dans leur cours de géographie sauf pour certaines situations dictées par les limites de l'IPad. C'est donc dire qu'ils noteront, chercheront, produiront et seront évalués uniquement avec la tablette.


Un avantage réel à l'utilisation de la tablette c'est sa facilité d'utilisation, la rapidité avec laquelle on peut l'utiliser en début de cours et l'intégration de tout ce qui est nécessaire à l'apprentissage dans un seul outil.


Une évidence s'impose très rapidement, l'usage de la tablette est complètement inutile si l'enseignant l'utilise pour enseigner et le caractère gras n'est pas l'effet du hasard. Aucun intérêt en effet si on l'utilise pour présenter des notes de cours, des diaporamas, des documents visuels de toutes sortes, autant alors utiliser le projecteur multimédia, le rétroprojecteur ou encore le tableau blanc interactif et nul besoin de la tablette.


Il est assez surprenant de constater à quel point l'élève s'approprie l'outil de façon spontanée et intuitive, qu'il génère des usages auxquels je n'avais pas pensés, la tablette devient l'outil de l'élève et non de l'enseignant, en fait je me sens parfois étranger à ce qui se passe lorsqu'ils travaillent et pourtant j'ai conçu cette activité.


Territoire agricole à risque: le Bangladesh, les causes, les conséquences des inondations et les solutions possibles pour contrer les effets négatifs de ces inondations. L'outil: la tablette, j'ai déposé des documents dans un dossier commun accessible par tous les élèves: deux textes, un reportage photos commenté par le photographe, une vidéo sur les inondations de 2009, une photo satellite de la région du delta du Bengale et du territoire du Bangladesh. Je ne leur donne aucune indication, s'ils ne savent pas ce qu'est un delta, ils doivent le trouver. Qu'est-ce que la mousson et quelles sont ses caractéristiques même chose. Deux cours de travail et de recherche et au troisième cours une synthèse à l'aide d'une carte graphique. À suivre.


Le premier cours.

Premier cours: athmosphère un peu euphorique, en effet on distribue les tablettes, enthousiasme et profession de foi, on deviendra nécessairement les meilleurs élèves de l'univers. On verra ! Configuration et autres exigences techniques terminées, il ne reste que vingt minutes à la période, juste le temps d'expérimenter la tablette et certaines applications (Googles Earth et Pages) premier constat, les élèves ne sont absolument pas déstabilisés par cet outil, ensuite ils démystifient son utilisation à la vitesse de la lumière, troisième constat, la collaboration positive s'impose, enfin ils ne semblent pas avoir besoin de moi sinon pour des questions très accessoires. Étrange !

Le contexte de l'expérimentation

Une école privée de la région Nord-Est de Montréal, un groupe de géographie de 1ère secondaire, 35 élèves ayant 12 et 13 ans, pas le groupe le plus fort de 1ère au contraire, mais des élèves curieux, quelques déficits d'attention mais rien de lourd, petits problèmes de comportement liés au déficit d'attention mais facilement contrôlés, voici le groupe d'élèves qui utilisera la tablette en classe lors des deux prochains mois.



L'objectif visé par l'expérimentation ? Recueillir le plus d'information sur l'utilisation de la tablette à des fins d'enseignement et d'apprentissage avant l'implantation du meilleur outil possible pour tous les élèves de l'école lors de l'année scolaire 2013-2014.



Mon objectif personnel ? Vérifier si la tablette peut mieux faire apprendre. Je veux aussi constater quels changements son utilisation impose en ce qui regarde la gestion de classe, la recherche d'information, la production de documents, quels changements devrais-je apporter à ma façon d'enseigner ou plutôt quels changements l'utilisation de la tablette imposera-t-elle à ma façon d'enseigner. Finalement, quels sont les avantages apportés par l'utilisation de la tablette et quelles sont ses limites ?

09 mars 2012

De retour grâce à la tablette numérique

Me voici donc de retour sur la blogosphère, j'ai en effet redécouvert ce blog sur lequel j'ai versé mon dernier texte il y a plus de six ans. Six ans déjà et curieusement les textes sont toujours d'actualité, comme quoi tout bouge très lentement en éducation.
C'est la possibilité d'utiliser la tablette numérique en salle de classe qui me pousse à tenir ce blog. En effet, suite à l'utilisation de la tablette numérique par un groupe de mes élèves, je verserai ici mes commentaires au quotidien. L'objectif étant de recueillir le plus d'information possible et de réfléchir sur tous les aspects de l'utilisation de cet outil à des fins d'apprentissage tout en permettant à d'autres enseignants de participer à la réflexion. Le prochain texte présentera le cadre et le contexte de cette expérimentation tout en en précisant les objectifs.

05 décembre 2006

La compétence TIC: la grande oubliée.

Lorsque le temps fut venu de choisir les compétences transversales qui seraient évaluées cette année par les enseignants du premier cycle à mon école, la première qui fut mise de côté fut la compétence TIC, très significatif à mon avis du degré d'intégration des TIC à l'enseignement et à l'apprentissage. Mon école est pourtant l'une des mieux pourvues en matériel informatique et le niveau d'utilisation est assez élevé mais encore une fois je suis persuadé que le nombre d'appareils et le nombre d'heures d'utilisation du matériel ne rime pas nécessairement avec intégration véritable.

01 décembre 2006

La réforme et les futurs maîtres

Tout le débat actuel concernant la réforme de l'éducation a un impact certain sur la formation des futurs maîtres. Sortis tout droit du moule des anciens programmes par objectifs, ces futurs enseignants doivent déjà lors de leur formation remettre en question des modèles que plusieurs croyaient immuables. En effet, pourquoi mettre de côté des programmes et des méthodes qui leur ont permis d'atteindre l'université se demandent-ils fort logiquement ? Le discours actuel sur les supposés ratés de la réforme et le peu d'attention accordée aux connaissances ajouté aux valses hésitations du MELS ne font que renforcer chez plusieurs étudiants le sentiment que ces nouveaux programmes sont mal adaptés et mènent une génération d'élèves à l'ignorance. Je suis toujours surpris de voir à quel point mes étudiants qui en sont pourtant à leur deuxième année du bac. abordent l'étude du programme avec méfiance et inquiétude et je suis particulièrement heureux et satisfait à la fin de la session lorsque la majorité d'entre eux quittent le cours convaincus que le programme de géographie du premier cycle du secondaire est riche en contenu, qu'il présente de nombreux défis aux élèves et qu'il est adapté au monde dans lequel ils vivent.

27 novembre 2006

Les connaissances (suite)

Quel est le problème avec ces connaissances qui suscitent autant de discussion ? En vrac ci-dessous quelques idées, questions et commentaires.

  1. Le fait qu'elles ne soient plus au devant de la scène donne peut-être l'impression qu'on les néglige, qu'elles sont accessoires.
  2. Se pourrait-il que des enseignants négligent les savoirs essentiels et que leur situation d'apprentissage ne reposent sur aucune assise solide ?
  3. J'ai rarement entendu lors des formations et des perfectionnements reçus qu'il fallait privilégier les savoirs essentiels comme prémisses au développement des compétences.
  4. Le fait que certains programmes ne prescrivent aucun savoir essentiel n'aide certainement pas à donner de l'importance aux connaissances.
  5. L'enseignant doit se livrer à un important travail d'identification des savoirs essentiels lors de l'élaboration des SA, il doit s'assurer de leur intégration par les élèves et créer des évaluations formatives afin que l'élève situe son niveau de maîtrise de ces savoirs. Il doit aussi s'assurer que l'élève aura recours à ces savoirs dans le développement des compétences
  6. Les connaissances ne sont plus évaluées de façon formelle, ne devrait-on pas revenir à une double évaluation soit une évaluation systématique et rigoureuse des savoirs essentiels en plus de l'évaluation des compétences ?
  7. L'évaluation des savoirs ne devrait pas servir à juger du succès de l'élève.
  8. Quelle justification donnerait-on à cette évaluation des savoirs essentiels dans la logique du développement des compétences?

18 novembre 2006

Les fameuses connaissances

Un des reproches le plus entendu et le plus couramment utilisé par les opposants à la réforme scolaire est que l'on enseigne de moins en moins les connaissances de base afin de faire place aux compétences. Mais comment peut-on arriver à développer des compétences sans ces savoirs essentiels qui sont le point de départ de toute démarche d'apprentissage ?
J'enseigne depuis 24 ans et j'ai toujours privilégié la transmission de connaissances dans mon enseignement que ce soit pour l'atteinte des objectifs des programmes ou actuellement pour permettre le développement des compétences. Au début de ma carrière la question ne se posait même pas, il fallait transmettre à l'élève et de manière explicite des connaissances, et l'évaluation suivait pour vérifier la maîtrise et la compréhension de ces connaissances par l'élève. Au fil des ans je n'ai jamais remis en question l'importance des savoirs essentiels mais j'ai revu assez tôt les méthodes d'acquisition des connaissances par l'élève et la place et le rôle de l'évaluation dans une démarche d'apprentissage.
Instinctivement et sans connaître les grands principes du socio-constructivisme j'ai vu l'importance de confier à l'élève certaines responsabilités afin qu'il cherche et trouve lui-même les connaissances, une démarche toujours encadrée et supervisée de près par l'enseignant. L'évaluation quant à elle est devenue un repère pour situer l'élève dans son apprentissage mais aussi un moyen pour lui apprendre à utiliser ces savoirs nouvellement acquis, l'évaluation donnait ainsi tout son sens aux savoirs.
Je connais un peu les programmes de l'univers social du primaire et depuis septembre j'enseigne le programme de géographie à des élèves de 2e secondaire et je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que les savoirs essentiels sont incontournables et qu'ils sont essentiels entre autres aux développement des compétences. En fait l'élève ne pourrait absolument pas développer l'une ou l'autre des trois compétences de ce programme sans avoir au préalable cherché, trouvé, reçu, intégré des savoirs essentiels et avoir une idée claire et précise de son niveau de maîtrise de ces savoirs. Alors quel est donc le problème avec ces connaissances ? J'ai quelques idées à ce propos que je vous livrerai dans mon prochain billet.

16 novembre 2006

Je suis las !

Je suis une fois de plus de retour dans le monde des carnetiers en éducation. Triste retour en fait puisqu'il coincide avec la vaste offensive du mouvement Stoppons la réforme qui vise à mettre fin à l'implantation de la réforme au secondaire, à cette voix s'est jointe celle du Collectif pour une éducation de qualité qui militait en ce sens depuis déjà quelques temps ainsi que celles de parents d'élèves. Conférence de presse, couverture médiatique mur à mur, site web, sollicitation des parents pour qu'ils signent une pétition, on a pas lésiné sur les moyens afin de convaincre la population qu'il y a danger en la demeure et qu'il faut arrêter immédiatement ce gâchis. Quelques soient les intervenants le message est le même ... 1- Il faut revenir à l'enseignement des connaissances qui sont laissées de côté. 2- L'évaluation ne rend pas compte du cheminement de l'élève et est impossible à gérer par l'enseignant. 3- Une génération est actuellement sacrifiée sur l'autel de la réforme.
Je suis loin de leur donner tort sur tous les points et particulièrement en ce qui regarde l'évaluation qui reste le maillon faible de cette réforme et qui force l'enseignant à faire ce qu'il peut avec les moyens qu'il a, c'est à dire des miracles avec pas grand chose, mais c'est la façon et le ton qui me hérisse. Je regardais et j'écoutais ces gens au journal télévisé et un profond malaise me gagnait. Ce ton bien pensant qui sait ce qui est bon ou mauvais pour nos élèves et leurs parents, cette certitude inébranlable que le retour à ce qu'on a laissé de côté règlerait tous les problèmes, ce discours moralisateur, lucide ....... et l'absence des profs, encore et toujours. Universitaires, philosophes, journalistes, syndicalistes, tous nous disent que les profs sont d'accords avec eux; rien n'est moins certain cependant.
Mon prochain billet traitera de ces connaissances qu'on laisse tant de côté mais que je n'ai pourtant jamais autant enseignées, mais pas tout de suite car tout ce que j'ai lu et entendu aujourd'hui sur le sujet me rend las, terriblement las.